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Unit-E
1 janvier 2009

Bilan : Dexter saison 3

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Saison fatale pour Dexter. Je vais parler pour moi mais cette saison a fait baisser Dexter de mon estime, de façon assez impressionnante. C'est l'effet-ABC chez les chaînes câblées, à comprendre Showtime donc : un départ fort en intrigue puis une série qui perd petit à petit de son attrait principal au fil des épisodes. Ce n'était pas complètement imprévisible non plus, après une saison 2 dynamique et hypra-démentielle, il fallait s'attendre à quelque chose de plus mou mais ce qui était moins courru d'avance, c'était que la série allait s'embrouiller dans des conventions dignes d'une série qui traite ses sujets avec traditionalisme. Ce que n'était pas Dexter dans les premières saisons. Il faut en tout cas se familiariser avec le nouveau-Dexter : Daniel Cerone is gone, Charles H. Eglee, auteur-producteur sur The Shield notamment, a pris sa place dans une série qui avait tout d'une grande mais qui a peu à peu montré ce qu'elle était capable de faire ... en pire.

La saison avait commencé de façon assez molle et outre quelques épisodes assez over-the-topisés mais géniaux tout du moins (le 9 en particulier), le rythme est resté le même sur une grande surface de la saison.
On quitte le season finale -lent mais passionnant- avec une révélation-choc : Rita est enceinte. À partir de ce moment, il était légitime pour le vrai-fan de se demander si cette intrigue casse-gueule n'allait pas faire de l'ombre au développement psychologique de Dexter en tant que tueur en série. Finis les monologues éthiques sur la légitimité de ses actes criminels, Dexter se demande désormais s'il a les atouts qui font un bon père et hypothétiquement, s'il y a des chances que son futur gosse soit troublé par une soit-disant-absence d'émotion, rattrapée par une envie démangeante de se débarasser manuellement des criminels.

Le problème de cette troisième saison vient de cette révélation-là : on quitte les faits (Dexter étant un tueur en série) pour les hypothèses (Dexter peut-il être un bon père, compte-tenu de son défaut criminel) ? À partir de là, les scénaristes nous ont pondu une suite de monologues insipides et prévisibles sur les qualités d'un père, nous mettant en scène un Dexter agissant toujours de la même façon, un Dexter qui quitte son statut de personnage atypique pour un profil traditionnel et sans surprises du futur-père peu sûr de soi.

L'autre intrigue conséquente de cette troisième a été l'arrivée d'un nouveau personnage, Miguel Prado, interprété par Jimmy Smits. Prado représente évidemmente ces personnages de la série qui viennent le temps d'une saison avant de la quitter au dernier épisode. Avant-dernier dans ce cas.
Chacun de ces personnages ont permis à Dexter d'évoluer, ou dans certains cas aux téléspectateurs de mieux comprendre le personnage. Cette saison, on avait plus l'impression de suivre un conflit similaire à celui qui opposait Dexter à Lyla plutôt que celui liait Dexter à son frère dans la première saison. Ce qui n'était pas pour me déplaire mais force est de constater que les scénaristes nous ont presque fait de la fade copie de la saison précédante : le secret de Dexter re-mis en danger, un conflit amis-ennemis naviguant entre le convaincant et le redondant : l'intrigue avait tout d'un procure-adrénaline télévisuel de bas-de-gamme.
L'intrigue en soi était convaincante, même si à aucun moment on avait l'impression de voir Dexter nous paraître plus familier (comme dit plus haut : le personnage devient prévisible), à aucun moment on avait l'impression de voir le personnage évoluer comme il a évolué dans la saison 2 face aux nombreux retournements de situation.
Même si cet arc était de loin ce qui était de plus potable cette année, on avait plus l'impression de suivre un conflit passager -sans importance- pour nous faire sauter du siège plutôt que pour développer le personnage à proprement parler.

Un des gros points faibles de la saison 2 était cet abus de facilités scénaristiques permettant à Dexter de (toujours) s'en sortir d'une situation qui mettrait son secret out in the open avant le dernier épisode de la saison. L'abus a cédé à la dépendance : cette saison, la pratique, bien plus abondante, a montré ses limites.
À chaque situation potentiellement dangereuse pour Dexter, les scénaristes lui trouvent un moyen de s'en sortir -certes un peu plus recherché que dans d'autres séries, nous sommes sur le câble- parfois bluffant même, mais on en retire toujours ceci : Dexter est un héros. Toutes les coincidences imaginables se traduisent comme par hasard comme traitement de faveur pour Dexter, dans son conflit contre Prado principalement cette année. On peut donc se demander l'utilité de multiplier les forces s'alliant à Dexter s'il arrive à chaque fois à les contrer, les bras dans les poches avec le soutien-continuel des scénaristes. Déception.

Enfin, cette saison on s'est beaucoup concentré sur les personnages secondaires, à tord. Les scénaristes les pensaient peut-être sous-exploités les saisons précédentes, ce n'est pas en multipliant les storylines romantiques qu'ils allaient attirer notre sympathie, ou plus du moins. Outre Debra qui bénéficie d'une intrigue romantique plus convaincante et crédible que celle des autres personnages -parce que c'est le meilleur personnage de la série, tout vrai-fan du show le conçoit-, celle de Batista était loin d'être passionnante.
Du coup, cette volonté de s'appuyer sur des atouts sous-exploités -il est vrai- les années précédentes n'a fait que de mettre en évidence les lacunes scénaristiques de la série cette année. Autant garder le maigre temps d'antenne qu'ont bénéficié les personnages secondaires plutôt qu'essayer dans se lancer dans quelque chose de potentiellement foiré.

En bref : On tient là la saison la moins réussie de Dexter, en grande partie à cause de cette conformisation du show. Non seulement les points faibles des saisons précédentes se sont fait plus évidents cette année, mais la série se repose trop sur ses lauriers : elle sur-abuse des mêmes méthodes scénaristiques, des mêmes facilités ce qui fait qu'elle devient beaucoup trop prévisible. Je ne serai pas le premier sériephile à me lancer dans la saison 4 plus tard cette année.

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