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Unit-E
27 novembre 2008

Analyse : Mad Men (saison 1)

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Sur une des captures du générique, on peut lire "Enjoy the best America has to offer" : serait-ce un message caché quand on sait que la série est la reine des Emmys ? Peut-être. Parce que ni plus ni moins, Mad Men est la série la mieux écrite qu'il m'ait été donné de voir. Si ça n'en fait pas ma série préférée pour autant, c'est une série que nulle autre ne peut égaler. Même les quelques épisodes de Six Feet Under me feront dire que Mad Men est une série encore plus détaillée que Six Feet Under puisque dans Mad Men tout, mais alors tout, est important. Chaque expression faciale est importante, chaque mot du dialogue a son importance, ce qui fait de la série un pur produit de génie où la justesse est un de ses nombreux points forts. Analysons cette première saison qui nous emmène dans un univers complètement à part, le New York des années 60 où les hommes affirment leur pouvoir, le féminisme progresse et où, évidemment, le tabac est répandu.

Si on commence peut-être par ce qui est en arrière-plan, on remarque une réalisation remarquable. Retranscrire l'univers visuel des années 60 n'était pas chose facile mais on s'imprègne facilement dans un monde visuel totalement à part, ce qui permet évidemment de comprendre directement la façon d'agir des personnages et leur attitude. Maintenant, si les décors sont parfaits, on peut aussi noter des plans visuels particulièrement beaux.
Chaque épisode se termine sur un plan visuel magnifique (en début de saison 1 peut-être moins) qui correspond à chaque fois au propos de la série. Je me souviens du dernier plan de l'avant-dernier épisode de la saison 1 quand Don Draper rentre chez lui, sa femme allongée à ses côtés alors qu'il reste dans une position parfaitement verticale là où sa femme est dans une position parfaitement horizontale.
La caméra recule et on se rend compte de cet équilibre et de la dynamique : l'homme debout, devant soigner ses apparences (ce qui, d'ailleurs, est le leitmotiv de la série) et la femme allongée aux côtés de son mari, plus discrète mais présente. C'est particulièrement beau. On en trouve plein aussi dans le season finale réalisé par Matthew Weiner. De ce point de vue là, on voit quand même à quel point la série joue sur la précision. C'est des détails qu'on ne trouvera jamais dans un show médiatisé comme Desperate Housewives ou Grey's Anatomy.

Mad Men suit donc les péripéties de plusieurs hommes et femmes travaillant dans une agence de publicité dans les années 60 et comme pour plusieurs séries qui utilisent cette formule-là, c'est moins du côté du thème principal que l'intérêt de la série réside. Si les scènes dédiées à la recherche d'un slogan ou d'une stratégie pour inciter le public-cible à acheter le produit vendu sont bien écrites et pouvant instruire, c'est davantage du côté des personnages que la série excelle.

Don Draper, évidemment, le protagoniste-clé du show, représente à lui seul tous les atouts de Mad Men. L'interprétation de Jon Hamm - comme celle de tous les acteurs de la série - est excellente. Mad Men est réellement une série qui joue sur l'authenticité du caractère. Le jeu d'apparences devant ses collègues est bluffant. C'est un personnage extrêmement méfiant, qui garde tout pour lui et qu'on n'arrive pas à cerner dès le premier épisode (le téléspectateur reconnait après le final que c'est un personnage que personnage n'arrive à comprendre, ni même le téléspectateur lui-même). Il y a quelques scènes dans la saison 1 où on voit Draper littéralement sur les nerfs et exploser de colère dès qu'il est seul et au moment où une personne entre dans son bureau, il retrouve la facade qui le caractérise. À nouveau, on joue énormément sur l'authenticité du caractère et par opposition, le jeu d'apparences qui s'appuie sur une volonté continuelle de paraître posé pour les autres.

Si Draper est l'atout premier de la série, le personnage "dont tout le monde attend la chute", les personnages secondaires sont excellents également. Notamment Peggy et Betty, respectivement la secrétaire et la femme de Draper, qui arrivent à travers plusieurs anecdotes à nous faire comprendre la place de la femme dans les années 60 mais surtout le progrès et l'évolution qu'on leur réserve.
Les années 60 est une période historique importante où beaucoup de progrès tentent d'être effectués pour les femmes avant qu'ils ne trouvent leur validité une décénie plus tard. Evidemment, le seul but des personnages féminins n'est pas de représenter la situation sociale dans les années 60 mais comme dans toute série, on développe leurs vies personnelles, notamment avec le mariage perturbé entre Don, qui trouve en sa liaison extraconjuguale un échappatoire continuel à ses problèmes quotidiens, et Betty, sa femme, qui tente de montrer son fort caractère à travers plusieurs intrigues anecdotiques au cours de la saison. On peut faire le parallèle avec les personnages masculins. Les plus importants restent très certainement Campbell, pris dans une relation où le rapport homme / femme est continuellement traité, et Sterling, brillamment interprété par John Slattery, infidèle lui-aussi, jusqu'à ce qu'il frôle l'expérience de la mort. Toutes les répliques et attitudes des personnages sont finalement très représentatives du statut social donné aux sexes à l'époque dans laquelle se situe Mad Men.

Outre ce rappel constant que l'action se produit 50 ans dans le passé, le réel problème de cette première saison de Mad Men reste le manque d'un certain fil conducteur. On a bel et bien le secret de Draper qui finalement n'aura eu aucune conséquence sur la réputation de ce dernier mais ce n'est pas assez. Là où certains personnages comme Betty héritent constamment d'intrigues anecdotiques souvent indépendantes, les protagonistes, eux, ont un temps d'antenne mieux géré et on sent un certain décalage entre la qualité des intrigues dépendant des personnages. Ce qui est dommage puisqu'on sent finalement une inégalité dans la qualité de la saison : les premiers épisodes manquent cruellement de fond et certains, en milieu de saison, sont excellents, là où les épisodes clôturant la saison laissent un goût mitigé.

Par contre, l'atout qui sera resté tel quel tout au long de la saison, c'est le rythme du show. Et c'est sûrement là que pose le problème puisqu'il y a ceux qui adhèreront et ceux qui détesteront. Il ne faut pas, mais alors vraiment pas s'attendre à une série mouvementée puisque le seul moment qui nous surprend réellement, c'est la crise de Roger Sterling dans l'épisode 10. Toute l'énergie de Mad Men se focalise sur le travail des expressions faciales, l'écriture et la réalisation. Il n'y a pas une once d'action et c'est très dur de se lancer dans la série sans avoir d'à priori et de réellement apprécier la série à juste valeur dans ses premiers épisodes. Dès le troisième épisode, on commence à se familiariser avec Mad Men et on comprend que le rythme porte parfaitement le show vers le haut, pas dans tous les épisodes c'est vrai, mais on ne peut s'empêcher de trouver la richesse visuelle du show assez convaincante pour rendre le rythme lent, légitime.

En bref : Mad Men est une série frôlant la perfection dans plusieurs domaines. Le fait que l'action se déroule dans un New York des années 60 représente un atout incontestable : l'idée directrice de cette première saison nous offre des personnages très riches, un développement quasi-parfait des relations entre les personnages et un travail sur la mise en scène plutôt spectaculaire.

Le générique de la série.

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